Ne sommes-nous pas tous des mendiants ?

Publié le 20 Juin 2011


Ses yeux étaient rouges et gonflés, ses cheveux blancs – un enchevêtrement huileux – pendaient sur un visage buriné. Les orteils de ses pieds nus sortaient de chaussettes usées semblables à des casques brulés tremblant dans les tranchées. La nuit sans lune ne pouvait cacher ses vêtements en lambeaux.

Vautré sur les marches du Palais de Justice, un sans logis était la figure solitaire entravant mon chemin, après un procès long et difficile.

Qu’avais-je à faire de lui ? Après tout, il était probablement ivre ou dangereux.  Et puis, il y avait des organismes d’état, des abris et des hôpitaux qui pouvaient assister cet homme. Il était le problème de quelqu’un d’autre. A travers le brouillard de mes excuses, a sonné l’appel lancé par les paroles du Maître : «  car j’étais affamé et vous m’avez nourri ; j’étais assoiffé  et  vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger et vous m’avez recueilli » (Matthieu 15 : 35)

Je me penchais pour demander son nom à cet homme. Il marmonna. C’était difficile de le comprendre à travers ses gencives gonflées et ses dents manquantes. Je le conduisis à ma voiture. Je lui offris un repas, une paire de chaussures et quelques nouveaux vêtements. Je l’emmenais dans une auberge à proximité et payais le motel pour deux nuits. J’essayais de contacter sa sœur dans un Etat éloigné, mais le numéro que ce sans logis m’avait donné était hors service. Je l’ai laissé à l’aise, mais pas sauvé.

L’inconvénient

Dans les années qui ont suivi cette rencontre, je me suis souvent fait le reproche de n’avoir pas fait plus – de ne pas m’en être plus soucié. Qu’est devenu cet homme ? Je ne le saurai jamais.

Sur un plan négatif, dans des milliers de centre villes, il y a partout des gens qui ont besoin de secours. Ils cherchent un abri sous les croix en néon. Des bouffées de vapeur de soupe redonnaient de l’énergie à l’homme sans vie. Cependant, l’angoisse de l’âme n’est pas limité aux sans logis. Il y a des cœurs brisés qui croisent notre chemin au travail, dans notre entourage et dans l’Eglise.

Certains ont besoin de nourriture, beaucoup ont besoin de travail, quelques uns de soins médicaux et psychiatriques. Tous ont besoin de réconfort spirituel. Ce sont nos voisins, nos compagnons de route, nos frères et sœurs.

La bijouterie Noël

Il y a quelques années, j’ai été témoin de la pauvreté à des coins de rue opposés. Dans un coin, il y avait un mendiant portant une pancarte indiquant : «  Travaillerais pour manger  - Que le Seigneur vous bénisse » Tandis que nous débattons pour savoir si son besoin était réel, observons la scène de l’autre côté de la rue : un gamin en costume de  Père Noël portait une pancarte disant : «  Enorme vente de bijoux – 50% de réduction »

Pourquoi nous précipitons-nous pour porter un jugement quand on voit un mendiant réclamer du travail pour manger mais ne le faisons-nous pas lorsque l’on voit une pancarte publicitaire pour un magasin de bijoux vendant des babioles, simplement  parce que nous avons la carte de crédit pour nous le permettre ?

Le bon Samaritain

Dans la parabole du Bon Samaritain, le Sauveur nous raconte la poignante histoire du Samaritain haÏ qui porte secours à la victime d’un vol alors que les autres se sont détournés de cet homme (Luc 10 : 29-37) Le Samaritain ne lui apporte pas seulement des soins, mais il le mène à une auberge, fait des provisions pour ses besoins et promet de revenir pour payer les frais supplémentaires.

Dans le Livre de Mormon, le Roi Benjamin offre une raison prophétique pour porter les charges les uns des autres : «  .. et vous ne souffrirez pas que le mendiant vous adresse sa supplication en vain, et ne le renverrez pas pour qu’il périsse…… Car voici, ne sommes-nous pas tous des mendiants… » (Mosiah 4 : 16, 19)

Un cœur pour sauver

Un emploi pour le chômeur, un encouragement pour l’opprimé, ou partager ce que notre temps ou notre talent permet. Ces choses parlent de ce que nous sommes et non pas simplement de ce que nous faisons. Le secours n’est pas véritable lorsqu’il est inscrit sur une liste d’aide sociale. Le vrai secours est celui qui est écrit dans un cœur charitable.

Je ne pourrai jamais retourner à ce motel pour vérifier ce qu’est devenu cet homme que j’ai aidé, mais pas sauvé. Plus âgé et peut être plus avisé, je peux être moins critique et peut être plus aimant pour ceux que le Seigneur a placé sur mon chemin. Je peux faire la différence -nous pouvons faire la différence – une âme à la fois.

Le poète anglais John Donne a dit : « La mort de tout homme m’amoindrit parce que je fais partie de l’humanité, aussi n’envoie  personne pour s’enquérir pour qui sonne le glas ; il sonne pour toi (John Donne « Devotions upon Emergent occasions » XVII : Nunc Lento Sonitu Dicunt, Morieris, 1623)

(Publié par MormonTimes – Traduit par Claudie)

Aucun commentaire: