Publié le 22 Juin 2011
J'ai changé de position mon poids sur le banc et j'ai poussé un soupir quand l'orateur de la réunion de sainte cène se leva pour commencer son discours.
Enceinte de sept mois, j'étais gonflée, endolorie et avec un gros ventre; et j'étais épuisée par les demandes constantes de mes cinq enfants en bas âge. Je n'étais pas sûre que je pourrais assister aux quinze dernières minutes de la réunion et j'étais encore moins sûre si je le pourrais durant les derniers mois de la grossesse.
J'étais sur le point d'émettre un audible gémissement lorsque l'orateur s’est lancé dans son sujet : "les pionniers". La dernière chose que je voulais entendre, c'était les récits historiques des mères qui ont continuées à marcher résolument à Sion, peu importe ce qu'elles ont dû laisser derrière elles. Je pouvais à peine me trainer de mon salon à ma cuisine.
J'ai fermé les yeux et me laissais gagner par un demi sommeil car l'orateur parlait d'une voix monotone, seulement pour être secouée franchement par les coudes de mon bébé coincé dans mon abdomen. En réponse, le bébé commençait à donner dans mon ventre des coups de pieds à ma vessie et à mes cotes, comme il culbutait dans son nid aqueux .Je me mordais les lèvres en essayant de ne pas pleurer ni crier car des vagues de frustration se s’abattaient sur moi.
C'est horriblement cliché de dire qu'a ce moment même, l'orateur a dit les seuls mots que j'avais besoin d'entendre, mais c'est exactement ce qui s'est passé. Il lisait l'histoire de la traversée de Sweetwater, le jour où les hommes et les femmes adultes s'assirent et pleurèrent sur les bords de la rivière à moitié gelée parce qu'ils étaient complètement épuisés; le jour où trois jeunes hommes ont transportés des dizaines de personnes à travers de gros morceaux de glace pour continuer sur le chemin de l'Ouest qui était sur la rive opposée.
Et comme ces mots pénétrèrent la fatigue brumeuse qui m'enveloppait, l'Esprit me parla; non pas avec des mots mais avec une profonde impression que je traduirai à peu près comme suit : « Ton sacrifice est semblable aux leurs ».
Je sentais au fond de moi même qu'il y avait des esprits qui attendaient sur cette rive, qui avaient besoin de traverser de l'autre côté. Et que je les transportais un à la fois, vers la rive opposée, de sorte qu'ils puissent continuer sur le chemin de Sion.
Les paroles de Paul résonnaient dans ma tête, paroles qui m'avaient frappée des années auparavant, au début de ma quatrième grossesse, quand je me demandais comment pourrais-je toujours gérer un autre bébé. « Je vous exhorte donc, frères par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme sacrifice vivant, saint agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable ».[Romains:12-1].
Présentez vos corps comme un sacrifice vivant. Sacrifice: le mot vient du latin "sancire" qui signifie rendre sacré. C'est exactement ce que je faisais: offrir ma chair même et mon sang à Dieu pour répondre à ses desseins afin de réaliser les désirs des enfants qu'Il avait plantés en moi. Toute la douleur et toutes les difficultés, je le compris soudain, ont un effet sanctifiant.
Je n’en n’avais pas l’impression alors que je changeais mon lourd poids sur le banc, et alors que je réarrangeais les divers membres de mon enfant. Je ne me sentais pas sacrée mais je me sentais ballonnée, irritable voire désespérée, mais je savais que c'était vrai.
Un an plus tard, j'ai eu une fausse couche " Ma première ", suite à cela j'ai eu de nombreux sentiments difficiles: de la douleur, de la colère, de la nostalgie. Bien sûr, je n’étais enceinte que pendant quelques semaines, mais j'avais déjà investi beaucoup d'énergie physique, émotionnelle, et spirituelle dans cette nouvelle vie et pour quoi ?
Quelques semaines plus tard, j'ai parlé avec une amie proche qui venait de subir sa deuxième fausse couche. Je lui confiais mon sentiment de vide et de futilité. Mais comme je continuais à parler, je me suis surpris à entendre dire ces mots, venant de ma bouche:
« Ce n'était pas une perte, » dis-je, « ce n'était pas une perte »
Je n'étais pas tout à fait sûre de ce que je voulais dire. Mais je savais en quelque sorte que ma perte était comptée. Cela était de Dieu et que d'une façon inexplicable cela contribuerait à son œuvre et sa gloire, ainsi qu'à ma sanctification personnelle.
Je me sentais mieux après cela, même s'il a fallu plus de temps pour récupérer, tant physiquement que émotionnellement. Je suis devenue convaincue que, lorsque les femmes offrent leurs corps comme véhicule pour une vie nouvelle, elles se sont consacrées aux desseins de Dieu et Dieu honore cette offre qu'il s'agisse de résultats de naissance vivante ou non.
J'ai réalisé que cela est vrai pour les femmes dans des circonstances variées : les femmes qui essayent et qui essayent, mais qui sont incapables de concevoir; les femmes qui font face aux rigueurs de l'adoption d'un enfant; les femmes qui restent célibataires dans cette vie et qui doivent renoncer à la maternité ainsi qu'à l'intimité a différents niveaux.
J’en suis venue à cette conclusion. Chaque femme de foi consacre son corps comme un sacrifice vivant. Que notre fardeau particulier soit la plénitude ou la vacuité, chacune de nous pousse contre les tendances actuelles du monde, avec nos regards tournés vers le royaume de Dieu.
(Publié par MormonTimes – Traduit par Solange)
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